Le Petit Maître corrigé de Marivaux.

Mise en scène : Nadine Douriaud.

Décors et costumes : Sébastien Petit Mâle

Lumières : Michel Karchenko, 

Violoncelle / Maud Fournier

création musicale : Yves Donzel.

Représentations : salle Paul Garcin à Lyon, festival Full aux amateurs, salle des Rancy 69003

Avec : Francoise Aufranc, Aude Carpintieri, Gilles Buey, Hervé Deschamps, Hervé Grenouillet, Véronique Jacquemin, Cathy Mahdar.

Un jeune homme parisien doit épouser une jeune fille de province. Ils se plaisent mais le jeune homme obéit à des mœurs de « petit-maître », qui veulent qu’un homme ne manifeste pas d’amour pour sa promise. La jeune fille décide de le « corriger », elle ne l’épousera que s’il se décide à avouer son amour… Prisonnier des apparences, le jeune homme finit par prendre des décisions à l’encontre de ses désirs et la comédie naît du constat intemporel que l’amour propre peut nous conduire à adopter des attitudes totalement ineptes.

Intentions du metteur en scène Nadine Douriaud : « Plusieurs mises en scène de pièces de Marivaux ont tenté des rapprochements avec notre époque. L’une, situait l’action dans un univers proche de celui de la série américaine Dallas. Plus récemment, un réalisateur établissait un parallèle entre l’univers de Marivaux et celui des jeunes des banlieues. Quand à moi, j’ai opté pour un monde sans époque, comme dans une de fable. Les costumes de Sébastien Petit-Mâle viennent avec humour témoigner d’un parisianisme inventé, qui se mire dans un provincialisme tout aussi imaginaire. Nous tâchons d’allier la finesse psychologique du propos, à l’humour de la comédie. La quantité de mots employés à décrire ou à cacher - voire gâcher - l’amour, me fait penser à un certain cinéma de la nouvelle vague (Rohmer, Godard, Eustache…), où les personnages dissertent beaucoup sur l’amour sans parvenir à le vivre. »

 

Une première comédie jouée dans un cercle d'amateurs et publiée en 1712, le Père prudent et équitable ou Crispin l'heureux fourbe, des romans dans le genre picaresque, dont la Voiture embourbée en 1714, déjà révélateurs du style et des qualités psychologiques du jeune écrivain, où l'ironie le dispute au réalisme sentimental, enfin une prise de position résolument favorable aux «Modernes» dans la querelle qui oppose aux Anciens toute une nouvelle génération d'auteurs (l'Iliade travestie, puis le Télémaque travesti), des contributions journalistiques au Nouveau Mercure, font à Marivaux une position reconnue dans les milieux littéraires de Paris. 

 

En 1720, ruiné par la banqueroute de Law, qui a englouti la fortune de sa jeune femme, Marivaux, qui cherche encore sa voie, donne aux Comédiens italiens une comédie, Arlequin poli par l'amour, et aux Comédiens-Français une tragédie, Annibal. 

La première réussit, l'autre échoue. Après avoir décroché enfin sa licence de droit, Marivaux fonde un journal sur le modèle du Spectator anglais, le Spectateur français (qui paraît de 1721 à 1734), et devenu l'intime des Comédiens italiens où brillent Silvia, Flaminia, Lélio et Thomassin, il leur écrit sur mesure, entre 1722 et 1740, dans le langage « de la conversation », des comédies d'un ton nouveau, dont la dramaturgie se fonde sur les « mouvements » de la sensibilité : la Surprise de l'amour, la Double Inconstance, le Prince travesti et la Fausse Suivante, l'Ile des esclaves et l'Héritier de village, la Colonie, le Jeu de l'amour et du hasard, le Triomphe de l'amour et l'École des mères, l'Heureux Stratagème, la Mère confidente, les Fausses Confidences, la Joie imprévue, les Sincères et l'Épreuve. Le jeu vif et allègre des Comédiens italiens lui plaît infiniment mieux que le jeu lent et apprêté des Comédiens-Français, à qui pourtant, – car la reconnaissance officielle passe par là – il confie neuf comédies dont trois seulement remportent un véritable succès : la Seconde surprise de l'amour en 1727, le Legs en 1736 et le Préjugé vaincu en 1746. En revanche, le Dénouement imprévu donné en 1724, l'Île de la raison en 1727, la Réunion des amours en 1731, les Serments indiscrets en 1732, le Petit Maître corrigé en 1734, et la Dispute en 1744, sont autant d'échecs. Et, tandis qu'il continue son œuvre de journaliste, il s'attelle à deux romans, la Vie de Marianne, qu'il met dix ans à publier entre 1731 et 1741, et le Paysan parvenu en 1734-1735, qui reflètent assez la philosophie de l'auteur, son goût de l'analyse psychologique et son attitude de moraliste face à une société de classes qu'il conteste.

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